Réactions du public

Réseau CinéMa Différence


“Les Enfants Phares : un film beau et utile”
source : http://www.cinemadifference.com/Les-Enfants-Phares-un-film-beau-et-utile.html

Jean-Jacques Dupuis (Au bonheur d’Elise)


Un film percutant qui donne la parole aux parents et montre leur vécu, leur expertise acquise au fil du temps … impossible à raconter … bouleversant, percutant et pédagogique. A voir absolument et à diffuser largement.
source : http://dupuiselise.canalblog.com/archives/2015/03/31/31806848.html

Serge Salanove et Martine Chaudière


Nous avons été scotchés par le début du film dont nous voulions juste voir quelle allure il avait… eh bien on est resté captivés jusqu’à la fin.
Que dire des raisons de cette approbation du film sinon que tous ces êtres sont beaux à regarder, parents et enfants, attachants à écouter, émouvants dans l’expression de leur difficulté et dans leur amour réciproque.
Et puis notre étonnement d’avoir visionné ce documentaire plutôt rude et ingrat comme thème, sans avoir jamais eu l’impression de lassitude ou d’envie d’accélérer pour aller plus loin, tellement ce film est bien réalisé, bien filmé, bien monté. Une très belle surprise, n’ayant jamais rien vu des réalisateurs…
On a envie de le faire voir à tout le monde, d’en parler à tout le monde…
Avec toute notre affectueuse amitié pour les réalisateurs et pour tous les acteurs du film…

Philippe De Jonckheere


Je suis trop difficile, voire impossible à satisfaire. Des années que je me dis que je souffre de nombreux stéréotypes à propos du handicap, que je raconte ces anecdotes dans lesquelles je me suis senti cerné dans un rôle que je refuse d’endosser entièrement, celui de parent d’un enfant handicapé, ces histoires, comme celle de la directrice de l’école Pasteur à Fontenay-sous-bois où une année étaient simultanément scolarisés Madeleine et Nathan, Nathan avec toutes les difficultés que cela représentait pour l’école de quartier de lui faire une petite place, et un matin que j’avais proposé à mon ami Laurent, à l’époque je l’appelais Monsieur M., de l’accompagner pour une sortie de sa classe au Centre De la Photographie d’Ile de France, croisant la directrice dans la salle des profs dans laquelle Laurent m’avait préparé un café pour me faire patienter pendant qu’il faisait l’appel et qu’il préparait la classe pour la sortie, la directrice m’avait demandé, catastrophée, s’il y avait encore eu un problème avec Nathan?, j’avais répondu que non, pas du tout j’accompagnais la classe de Monsieur M, enseignant de ma fille Madeleine, à sa sortie à Pontault-Combault, la question de la directrice avait été éloquente, Ah bon cela vous intéresse la photographie? Ben oui, un peu en fait.

De même on m’a sûrement déjà entendu vitupérer sur le fait que dans la question du handicap, la famille et les proches étaient systématiquement omis. Et comme cela tant et d’autres sujets de râlerie sur lesquels je reste rarement calme.

Et ce soir au Kosmos, le cinéma de quartier de Fontenay, lors d’une soirée à propos du handicap justement, j’assiste, tendu comme tout, pleurant, incapable de me retenir à bien des endroits, à la projection du film les Enfants phares de Loran Chourrau et Erik Damiano. Et voilà quand tout à cette séance je me mets dans les chaussures d’une manière de corecteur cinématographique au même titre qu’il existe des correcteurs de texte. Je relève intérieurement tout ce qui m’apparaît comme des manquements, des omissions nécessairement coupables, des aspects que je trouve insuffisamment traités ou développés, d’autres au contraire sur lesquels je suis prompt à remarquer que les réalisateurs s’apesantissent, on me connaît je ne suis pas un critique de film très tendre. Et pourtant non, à la fin m’explose à la figure que ce film-là c’est en fait, à peu de choses près, le film que j’appele de mes voeux depuis des lustres, le documentaire dans lequel les parents d’enfants handicapés, les familles, les fratries, apparaissent pour ce qu’elles sont, certainement pas les super héros pour lesquels la compassion bon marché aiment tant nous les faire confondre, non, des êtres pensants, en proie à la douleur mais aussi aux joies insignes, des êtres un temps abattus, évoquant la gorge serrée notamment le diagnostic, et qui ont relevé la tête, des destinées, profondément humaines, mais aussi des personnes dont l’humanité s’écrit aussi en creux, avec des aveux d’un courage déconcertant, par exemple sur le désir de violence parfois quand l’enfant vous mène à bout et la très grande difficulté que c’est de ne pas s’y livrer, des envies d’abandon, du découragement, l’âpreté de la lutte financière aussi, l’injustice qui s’étend aux membres de la fratrie avec lesquels les parents n’ont pas les mêmes disponibilité, la même patience. Et puis cette question, toujours présente, jamais loin, de savoir quel sera l’avenir de ces enfants, pour ceux qui en ont un, quand les parents ne seront plus de ce monde pour les protéger — et je souris intérieurement quand les parents de Clément disent que c’est une question que leurs proches ne comprennent pas, je ne suis pas sûr qu’un parent d’en enfant neurotypique peut comprendre ce questionnement et sa précocité. Et tout cela dit avec une admirable pudeur et une très belle intelligence de la situation. Et je voudrais être le correcteur de cela! Quel con je fais. Ce film a des qualités que je pourrais ne pas voir parce que je suis arquebouté contre, parce que mon désir de rétablissement d’une certaine histoire est inextinguible, jamais assouvi et jamais satisfait.

Et puis c’est un film dans lequel je m’aperçois que j’en prends aussi pour mon grade. Que je ne suis pas toujours différent des parents d’enfants neurotypiques, certes devenu tolérant vis-à-vis de ce que je reconnais comme étant un handicap qui ressemble à celui de Nathan, et pas encore tout à fait guéri d’une certaine inculture de l’altérité s’agissant de ce que je connais pas bien ou pas du tout. Par exemple c’est un film dans lequel on peut voir tous les bénéfices de la syndication, de la mise en commun et du partage, autant de domaines dans lesquels je n’excelle pas, incapable que je suis souvent de faire la paix avec ceux des parents d’enfants autistes notamment qui ont choisi des voies que je juge sans doute trop hâtivement adverses. Je ferais bien, avant qu’il ne soit trop tard, de faire un véritable travail introspectif sur le sujet.

Et je les trouve bien courageuses les deux mères qui ont affronté les caméras en confiance, qui ont livré des récits exemplaires de justesse, dans lesquels elles n’étaient pas toujours à leur avantage, dans lesquels elles disaient bien certaines de leurs errances avec pudeur certes mais avec raison et justesse, et qui ont encore l’élégance d’écouter nos questions effarées de spectateurs de cinéma pas encore sortis de la salle obscure.

Merci, c’est toujours con de dire merci, mais merci.

source : http://www.desordre.net/bloc/ursula/2015/pages/089.htm