le projet

Ici nous partirons est un projet particulier : son élaboration sera celle d’un film classique avec une narration bouleversée par des moments performatifs physiques et des installations plastiques en espace public (milieu rural et urbain).

LE CORPS

Avec ce film je veux faire part de mon expérience d’accompagnant à la mort à travers des personnages mais aussi à travers des corps.
Mon expérience de danseur et d’assistant chorégraphe me pousse à aller dans ce sens car j’ai conscience de la puissance du corps, de sa vérité. Lui ne ment pas. Il est impossible à maitriser dans sa totalité, il nous trahit et nous sauve à la fois. C’est en ce sens que je veux travailler avec Sylvain Huc (assisté de Cécile Grassin) sur ces moments de corps qui nous révèlent à nous-même et aux autres. Je veux traiter de la transformation du corps malade, de sa perte de puissance, des sons et des bruits qu’il génère. Mais aussi du corps de ceux, qui proches de vous, vous voit sombrer, impuissants…
Et ce à travers des attitudes minimales et solitaires, que seule une caméra peut capter et pointer du doigt : mini tremblement, relâcher furtif, position statique… mais aussi à travers des séquences plus démonstratives : chutes, entraves, masse groupée, énergie excessive, rapidité d’exécution, abattage d’informations physiques, chorégraphies…


L’ESPACE PUBLIC

L’espace public comme lieu privilégié de tournage a une importance primordiale à mes yeux. De l’écriture au tournage, il est clair que mon travail se nourrit des lieux visités, traversés. Ce sont eux qui déclenchent des envies particulières, nourrissent le caractère de mes personnages. D’un espace naturel vide à une maison surchargée, en passant par un univers hospitalier les ponts se créent et donnent des clefs aux spectateurs.
L’espace, public de surcroit, rajoute une autre contrainte, un autre défi à relever : le jeu et le tournage en live exposés au regard des habitants. Cela rajoute de l’excitation, impose une certaine vigilance.

Cette volonté de mixer jeu d’acteurs, histoire scénarisée et performances est importante à mes yeux pour évoquer les différents états dans lesquels je me suis trouvé. J’ai envie de partager à travers les comédiens, danseurs, figurants et pour les spectateurs ces états et ces émotions que l’on essaye de retenir, de cacher parce que l’on se trouve dans un espace public, en public. Mais aussi de montrer le moment où l’on se permet de craquer, tomber, d’exploser…

Ce besoin de jouer sur ces deux esthétiques (cinéma, rue) vient à la fois de mon expérience réelle mais aussi de la réflexion que je mène au sein du Petit Cowboy depuis plusieurs années. à savoir :  quelle est la place ou le rôle de l’image dans l’espace public, comment impose-t-elle ses codes, comment les espaces nous permettent-ils de nous faire disparaitre…